Sécurité

Au service de la protection de la nature

Interview Patrice Fallot

Les Casques Verts au service de la protection de la nature

Prévention contre les feux de forêts, prévention des inondations, génie écologique, les hommes et les femmes des Casques Verts sont sur tous les fronts pour « réparer » la nature et la forêt. Sous l'impulsion dynamique de Patrice Fallot, son président.
Les Casques Verts, c’est d’abord un homme : Patrice Fallot. Il découvre la tragédie annuelle des feux de forêt dans le Sud-Est de la France. Dirigeant une vaste opération d’entretien des massifs forestiers au Tanneron (Var), il est encerclé, l’été 1986, par un violent feu de forêt resté dans toutes les mémoires. Son tempérament le fera agir : dès 1987, il occupe le terrain avec ses Casques Verts. Il ne quittera plus jamais la forêt varoise. Rencontre avec Patrice Fallot, président et fondateur des Casques Verts.

TERRIBLE INCENDIE DU TANNERON
Racontez-vous les débuts de votre association ?

PF. C’est très simple, j’ai toujours préféré le premier geste au dernier mot, et plutôt que de remplir mon propos de chiffres et bilans, je préfère le nourrir de la vraie histoire des Casques Verts, de la face souvent cachée de l’association, de laisser parler mon cœur et mes souvenirs, de vous faire quelques confidences. Ma première pensée va à Martin Gray. En 1970, il a perdu tous les siens dans un incendie de forêt au Tanneron. Plus de 10 ans après, en 1985, voici que le massif s’enflamme à nouveau !
Ce jour-là, j’étais missionné par le Préfet du Var dans le but de débroussailler, avec 60 fils de harkis, une partie de ce massif afin de mettre à l’abri le village de Tanneron. Avec Martin Gray, nous avons observé, vers 14 heures, une fumée suspecte dans la vallée à plus d’un kilomètre du village. Le mistral soufflait très fort et Martin Gray m’a dit : « ça y est ça recommence, dans deux heures le feu sera à nouveau au village si les pompiers n’interviennent pas dans les 20 minutes ».

Et que s’est-il passé ?

PF. Cela n’a pas manqué, trois heures plus tard, nous étions encerclés par la fumée. La cassette filmée par l’un de mes chefs de chantier peut en témoigner. Nous étions inquiets. Martin Gray était bouleversé. Un incendie de forêt, c’était donc cela. Un petit départ de feu qu’on laisse grandir. Comment réduire ce délai meurtrier ? L’idée des Casques Verts était née.

LE SOUTIEN DE LA FONDATION LE CHEMIN

Et, la Fondation Le Chemin, présidée par Paul Lambert, a été convaincue par vos actions ?

PF. En effet, la Fondation Le Chemin s'est associée, pour 2017, aux missions de l'association Casques Verts. Notre association accueille des jeunes étudiants en apprentissage se destinant au métier de la gestion de l’environnement et de la sylviculture. Ces différents chantiers, dont les actions sont très diversifiées, permettent d’effectuer l’instruction pratique sur le terrain et s’approchent le plus possible du génie écologique. L’association Casques Verts est devenue un tremplin vers l’emploi. Les jeunes ayant obtenu leurs diplômes ont tous entamé une carrière professionnelle assurant ainsi leur avenir.

Votre partenaire principal est le Parc National de Port-Cros ?

PF. Effectivement, l’association travaille en partenariat depuis vingt-trois ans avec le Parc national de Port-Cros. Elle entretient les pistes et les massifs forestiers, elle est insérée dans le dispositif de lutte et de prévention des feux de forêt. Outre l’entretien des pistes et leurs mises aux normes de sécurité, ces interventions incluent la maintenance des bulles de cicatrisation. En effet, il y a plus de dix ans maintenant, que des milliers de piquets en châtaignier ont été plantés et reliés entre eux par des fils de fers galvanisés. Quelque peu inesthétiques au départ mais oh combien efficaces ! Ils empêchent ainsi le piétinement de la jeune végétation naturelle. Aujourd’hui, plusieurs dizaines d’hectares ont retrouvé vie et permettent la stabilisation des sols et la lutte contre l’érosion. De nombreuses plantations sont venues peupler ces sites, cicatrisant ainsi l’ensemble de ces surfaces vouées à un aspect désertique et menaçant la stabilité du littoral insulaire.

MISSION SAUVETAGE A LA LONDE LES MAURES

Les Casques Verts mènent également des actions en dehors des Îles de Port-Cros et Porquerolles...

PF : Oui. Par exemple, les Casques Verts ont travaillé en partenariat avec la commune de La Londe-les-Maures et le Rotary. Elle a entrepris d’évacuer des éléments du lit des rivières du Pansard et du Maravenne afin de rétablir un écou-lement satisfaisant. Ces travaux étaient destinés à la mise en sécurité des secteurs à enjeu (secteurs urbanisés et amont des ponts). Cette mesure a été réalisée par le biais d’abattage préventif des arbres morts et de toute végétation pouvant empêcher la bonne circulation de l’eau vers la mer lors des crues. Le flanc de berge a fait l’objet de la pose d’un géofilet naturel, destiné au renforcement de ladite berge. Il a été procédé à une revégétalisation de graminées par ensemencement hydraulique. Le système racinaire avait pour but de stabiliser le flanc de berge. À terme, c'est à dire d'ici cinq ans, le géofilet en coco disparaîtra et le flanc de berge sera naturellement résistant à la crue

Quelles sont vos autres priorités ?

PF : On parle beaucoup en ce moment des problèmes liés à l’emploi. La priorité de l’association reste la même depuis 30 ans : la formation, l’accueil des stagiaires et surtout faire en sorte que les jeunes formés au sein de l’association obtiennent leur diplôme et un emploi.

Quel est votre bilan ?

PF. Grâce à notre partenariat avec le Parc National de Port Cros, depuis 30 ans, ce sont plus de 500 jeunes qui se sont épanouis et qui, aujourd’hui, font carrière dans les entreprises, dans des parcs nationaux ou ont pris en main leur propre destinée en créant leur société.

Propos recueillis par Gilles Carvoyeur

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L'actualité économique et politique du littoral varois

Edité par ADIM (fondée en 1983)

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