Cérémonie des vœux à la presse

Renaud Muselier : « Ne pas transformer le grand débat en frustration nationale »

Pour le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : « Depuis 8 semaines, le mouvement des gilets jaunes a émergé. Il est l’expression d’un profond malaise dans notre société. Un malaise à la fois social, fiscal, économique, politique et démocratique ».

Le président de la Région ajoute : « Notre société est traversée par de multiples crises ! Et, il est de la responsabilité de tous les élus de la République d’y répondre ».

RESPONSABILITE D'EMMANUEL MACRON

Puis, il insiste : « Cette responsabilité, elle incombe d’abord au président de la République, au Premier ministre et à leur gouvernement.

L’élection d’Emmanuel Macron devait être la traduction d’une promesse. Celle de faire de la politique autrement.

De redonner la parole aux Français. De faire preuve de davantage d’écoute, de respect et d’empathie.

Aujourd’hui, il faut avoir le courage de le dire, cette promesse n’a pas été honorée.

Le pouvoir exécutif et les parlementaires de la majorité n’ont pas réussi à tisser le lien indispensable à la réussite de leur mandat avec les Français. Au contraire, la distance s’est accrue pour se transformer peu à peu en défiance du peuple vis-à-vis de son gouvernement.

L’arrogance des uns, couplée à l’inexpérience des autres, aura balayé la promesse d’un quinquennat ancré dans la réalité.

Elle réduit de facto les chances de réussite des réformes pourtant indispensables pour la France.

Et tant que citoyen patriote mais aussi président de Région et député européen je le regrette profondément.

Pourtant nous avions prévenu le président de la République et le Premier ministre ».

« LA RECENTRALISATION EST UNE ERREUR »

Renaud Muselier insiste : « Dès septembre 2018, j’ai lancé l’appel de Marseille avec le président du Sénat Gérard Larcher, le président des Maires de France François Baroin, le président des Départements de France Dominique Bussereau et celui des Régions de France, Hervé Morin.

Le 26 septembre dernier, nous étions plus de 1 000 élus locaux, toutes tendances politiques confondues à demander au gouvernement un changement radical de méthode.

En tant que Marseillais, je me suis toujours positionné en héritier de Gaston Deferre sur les questions de décentralisation.

Or, là où nous étions en droit d’attendre l’acte 4 de la décentralisation de notre République, le gouvernement nous a répondu par le 1er acte de recentralisation de l’histoire de France.

C’était une erreur politique majeure et une faute historique fondamentale. On ne réussira pas les réformes dont la France a besoin avec un projet aussi jacobin.

Cette volonté de tout recentraliser et de concentrer tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme est une des sources du mouvement des gilets jaunes.

Les Français ont le sentiment de ne plus être entendus. D’être méprisés et ignorés.

Il faut donc répondre à ce besoin d’écoute.

Cela passe par une démocratie représentative forte et puissante. Elle pilote les institutions à la suite d’un vote. Mais elle doit s’appuyer sur d’autres outils. Nous devons faire vivre la démocratie participative et la démocratie directe.

C’est la raison pour laquelle, dès le mois de février prochain je lancerai « Sudopolis ». En Grèce antique, la polis est une cité état, une communauté de citoyens libres et autonomes. Il s’agit là de différents outils permettant de donner la parole aux citoyens.

Une plateforme participative sur notre site internet permettra dans un premier temps aux cinq millions de Provençaux, Alpins et Azuréens de s’exprimer sur les politiques mises en place, en amont et en aval ».

« NE PAS TRANSFORMER LE GRAND DEBAT EN FRUSTATION NATIONALE »

Le président régional explique : « Nous les consulterons régulièrement par le biais de mails, de SMS ou via une application dédiée, sur des problématiques bien spécifiques. Nous pourrons le faire à l’échelle régionale ou à un niveau plus local.

Pour exemple, nous pourrons interroger les usagers de la ligne TER Cannes-Grasse sur la qualité de service ou les horaires de trains. L’idée est de rapprocher l’institution du citoyen.

C’est aussi le sens de nos rendez-vous « Demain le Sud ». Nous les avons lancés en septembre et nous allons en organiser trois autres en 2019.

Le premier aura pour thème l’énergie. Ce sera l’occasion pour les habitants de la région de venir débattre avec nous et échanger avec des professionnels d’un secteur déterminant pour l’avenir de la région Sud.

Nos compatriotes ont besoin d’être consultés plus régulièrement sur les grands sujets d’avenir pour la France. Tout comme au niveau local il y a un fort besoin d’expression.

C’est pourquoi je veux leur permettre de nous faire des propositions concrètes pour le devenir de notre territoire.

Aussi, je vous annonce que si 10% des électeurs de la région, à savoir environ 350 000 électeurs, nous soumettent un projet de délibération conforme aux compétences de la collectivité, je m’engage à la soumettre au vote des élus en Assemblée plénière.

Au niveau national, je demande au président de la République d’organiser un référendum à l’issu du grand débat.

Pour donner du crédit au débat et susciter l’intérêt des Français il ne suffira pas d’installer des cahiers de doléances dans les mairies. Il faut concrétiser le débat et lui donner une issue clairement identifiée. Si le grand débat devait se solder sans consultation des Français alors il n’aura servi à rien.

Il ne faudrait pas que le débat national du président de la République se transforme en grande frustration nationale accentuant la défiance ».

UN REFERENDUM LE JOUR DES ELECTIONS EUROPENNES

Renaud Muselier reprend : « Je propose donc l’organisation d’un référendum le même jour que les élections européennes de mai prochain. Si j’entends le besoin d’une démocratie plus directe et plus participative, je ressens aussi un besoin profond d’ordre dans notre pays. La France n’est pas une immense ZAD ! C’est une République où la loi doit être respectée. A ce propos je profite de l’occasion pour redire mon admiration à nos forces de l’ordre.

Depuis des semaines, malgré les exactions d’individus factieux, les violences et la haine, celles et ceux qui mettent leur vie en danger pour protéger la nôtre font preuve d’un sang-froid inouï.

Leur professionnalisme est admirable.

Et, lorsque je vois plusieurs milliers de personnes faire un don en faveur du voyou qui a frappé un gendarme à terre, je suis révolté. J’ai honte pour les complices des casseurs !

Cette complicité est alimentée par les extrémistes de droite comme de gauche. Ils sont les pousses-au-crime de ce mouvement. Ce sont les idiots utiles du macronisme. Ils forment le club des « Mais ».

« Je ne cautionne pas les violences mais je comprends les casseurs ». Le club des « Mais », c’est le club des complices. Des irresponsables politiques.

Les uns espèrent le chaos, les autres rêvent de la chienlit !

En tant que citoyen, j’ai donc pris l’initiative de lancer une cagnotte en faveur de nos forces de l’ordre.

Et, je dois bien avouer que le succès de cette cagnotte est rassurant et encourageant. En récoltant plus d’1 million d’€, en 48 heures, nous avons rééquilibré les valeurs.

C’est une formidable réponse citoyenne de la majorité silencieuse. Un clin d’œil amical et bienveillant aux forces de l’ordre qui nous protègent. N’oublions pas qu’il y a 4 ans jour pour jour, à l’occasion de la grande marche du 11 janvier nous applaudissions nos policiers et gendarmes » !

2019, ANNEE DE TOUS LES DANGERS

Il poursuit : « La solidarité s’exprime pour les victimes pas pour les voyous !

Il y a urgence à rétablir l’autorité de l’État ! Elle doit s’exprimer partout, tout le temps et pour tout le monde. Pour les casseurs déguisés en jaune comme dans certains territoires de France transformées en zones de non droit.

Force doit revenir à la loi de faire triompher le respect de nos libertés. Notre liberté de manifester bien sûr. Elle ne peut exister si elle n’est encadrée par des règles strictes.

Je demande donc l’arrestation de tous les organisateurs des manifestations non déclarées. Notre liberté de circuler et de travailler.

Et, là aussi, je demande au gouvernement de procéder à l’évacuation systématique des ronds-points et zones de blocages ne bénéficiant pas d’une autorisation de la préfecture.

Il n’y a pas de liberté sans ordre ! Il est donc urgent de le rétablir (…).

L’année 2019, vous le voyez, est l’année de tous les dangers.

A la fin de l’année 2018, le Président de la République a apporté une réponse sociale aux revendications légitimes des gilets jaunes. Plus de 12 milliards d’€ de pouvoir d’achat rendus à 5 millions de Français.

En 2019, Emmanuel Macron devra apporter une réponse politique à la crise. Au risque de ne plus pouvoir réformer la France.

L’année 2019 sera aussi celle de tous les dangers pour l’Europe.

En 2018, l’accès au pouvoir en Italie des extrémistes de la ligue du nord et du mouvement 5 étoiles fait suite aux nombreux succès engendrés par les extrémistes en 2017.

La menace nationaliste est forte. Et le péril pourrait s’avérer imminent. S’ajoute à cela le Brexit. Il sera officiellement acté le 29 mars et viendra incontestablement affaiblir l’Europe » (…).

Renaud Muselier, Président de la Région et Député européen.

Imprimer E-mail

Demo

L'actualité économique et politique du littoral varois

Edité par ADIM (fondée en 1983)

174, rue Eugène Baboulène - Apt.43 - Bât.B

83250 La Londe les Maures