Economie

Jean-Pierre Ghiribelli - UMIH

« C'est le ras-le-bol général chez les restaurateurs et les hôteliers » !

Dans le Var, 90% des entreprises du secteur sont des PME voire des TPE, ne disposant pas de trésorerie suffisante pour faire des avances de loyers, de salaires ou payer leurs assurances.

 

Certes, au niveau national, Bruno Le Maire accompagne le secteur des hôtels-restaurants. Mais, le ministre n'a pas encore obtenu satisfaction auprès des bailleurs qui, pour des raisons qui leurs sont propres, ne font pas d'efforts pour les loyers.

Jean-Pierre Ghiribelli, président de l'UMIH (Union des Métiers et de l'Industrie de l'Hôtellerie), répond aux questions de La Gazette du Var.

Quel est l'état d'esprit des professionnels que vous représentez ?

Jean-Pierre GHIRIBELLI. Aujourd'hui, il y a un ras-le-bol chez nos adhérents. Ce ras-le bol, je l'ai exprimé devant le préfet. En mars, on nous a fermé du jour au lendemain, sans nous prévenir ! Ensuite, on a rouvert, puis il y a eu le couvre-feu, qui nous a obligé à n'ouvrir que le midi. Ensuite, il y a eu le deuxième confinement et, maintenant, on ne sait pas quand on va pouvoir rouvrir nos établissements.

C'est le ras-bol général chez nos professionnels car en ce moment des drames se couvent partout, avec des suicides et des dépôts de bilan ! En manifestant le 14 décembre sur la place des Invalides à Paris, la profession a tenu à dire au Gouvernement qu'on ne pouvait pas rester dans cette situation, que nos établissements devaient rouvrir et que l'on puisse se remettre au travail !

Les restaurateurs sont-ils des boucs-émissaires ?

JPG. Je le pense ! En tant que président de l'UMIH du Var, j'ai dénoncé la stigmatisation de nos métiers, du jour et de la nuit et des professions de l'événementiel, du sport, de nos fournisseurs et de nos salariés ! Les acteurs du tourisme ne comprennent pas les décisions du Gouvernement. Leur activité est à l'arrêt et c'est une grande incompréhension face à cette situation !

Comment ne pas être en colère quand on voit ce qui se passe autour de nous avec les gens qui se réunissent dans les grands magasins et les transports. Alors pourquoi nos établissements doivent-ils fermer ?

Comprenez-vous la position du Gouvernement ?

JPG. Non ! La profession regroupe des chefs d'entreprise consciencieux qui appliquent les règles sanitaires telles qu'elles sont édictées par le Gouvernement, en lien avec l'UMIH, qui est l'interlocuteur privilégié de l’État, puisque nous avons obtenu la représentativité de la profession. Toutes les fiches sanitaires ont été établies en lien avec l'ARS ou la DIREECTE. Et elles sont appliquées à la lettre !

Certes, il a existé quelques débordements mais j'ai toujours dit qu'il fallait sanctionner le comportement de ceux qui ne respectent pas les règles sanitaires. J'ai aussi rappelé au préfet que l'étude américaine de mars 2020, qui est constamment mise en avant pour conforter les décisions du Gouvernement concernant notre secteur d'activité, n'est pas applicable à la France.

Que réclamez-vous au Gouvernement ?

JPG. On ne demande qu'une seule chose ! Qu'on nous laisse travailler. On préférerait travailler et gagner de l'argent plutôt que de recevoir des aides de l’État ! J'ai demandé une ouverture rapide de nos établissements, avec des mesures sanitaires supplémentaires et que l’État ne prenne plus de décisions sans consulter la branche. J'ai également demandé que l’État accompagne les petits commerçants, les petits producteurs et nos salariés qui nous accompagnent dans cette crise car, pour l'instant, ils sont dans l'inconnu ! Quel discours doit-on leur tenir pour envisager un avenir pérenne ?

C'est la survie de la filière qui est en jeu ?

JPG. En effet ! Il existe un grave danger pour nos PME, des entreprises familiales, souvent de 30 à 40 ans d'existence et qui ont été construites pour être transmises à nos enfants ou assurer notre retraite. Et, à cause de la pandémie, nos fonds de commerce vont perdre beaucoup de leur valeur. Les aides gouvernementales ont été les bienvenues et l'accompagnement des services de l’État est précieux. Mais, les aides sont difficiles à obtenir et les procédures sont complexes dans le montage des dossiers. De toute façon, ces aides ne seront pas suffisantes pour compenser les pertes dues à la crise.

Propos recueillis par Gilles CARVOYEUR

Photo Marc DEFENDENTE

 

UNE REUNION CONSTRUCTIVE

Le mercredi 2 décembre, le préfet du Var a invité les acteurs du tourisme pour faire un point de situation sur les besoins des professionnels et présenter les mesures de soutien du Gouvernement au secteur. En présence de nombreux élus et représentants du secteur touristique, le préfet a rappelé l’ensemble des mesures mises en place pour soutenir la filière, avant d’écouter les nombreuses propositions faites par les acteurs du tourisme.

Face aux nombreuses attentes de chacun, le préfet du Var Evence Richard a tenu à rassurer la profession : « On sait bien que nous allons ressentir les effets de la crise encore de long mois. Le Gouvernement a bien entendu la nécessité de ne pas arrêter les aides trop tôt. L’idée est d’apporter à chacun, quel que soit son positionnement dans la filière touristique, une réponse à ses difficultés ».

De son côté, Hubert Falco, président des Maires du Var, a souligné combien il a trouvé cette réunion constructive : « En cette période on a besoin de dialogue et d’échanges. Le Var est le premier département touristique de France après Paris. C’est à nous de faire remonter nos difficultés et nos propositions concrètes au gouvernement. Et je crois qu’aujourd’hui c’est chose faite avec cette réunion ».

Enfin, Jean-Pierre Ghiribelli a souligné que cette réunion était une excellente initiative du préfet, chacun ayant pu s'exprimer sur les dossiers qui les préoccupent : « La profession a fait une saison 2020, au-delà de ses espérances et qu'elle ne pensait pas faire, grâce à une météo favorable et beaucoup de clients dans les établissements. Sauf pour l'Est-Var qui a souffert de l'absence de la clientèle internationale fortunée. Pour le reste du département, la saison a également bien fonctionné ».

 

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