
Salon Défense et Sécurité (CCI du Var)
François de Canson : « Nous assistons à une recomposition géopolitique de l’ordre mondial »
Le 20 mars à Toulon, François de Canson, vice-président de la Région Sud en charge de l’attractivité, est intervenu lors du salon Défense et sécurité, organisé par la CCI du Var.
Pour l'élu, ce fut l’occasion de rappeler que la région Sud est une terre de Défense dans son aspect militaire mais aussi une terre de Défense dans son aspect économique avec un réseau dense d’industriels.
« Les relations de nos territoires et de nos entreprises avec les forces armées sont marquées par un très riche héritage. Nous pouvons en être fiers. Aujourd’hui, nous assistons à une recomposition géopolitique de l’ordre mondial, c’est en travaillant ensemble, en chassant en meute que nous aurons les meilleurs résultats. Certains diraient qu’il nous faut réapprendre à faire peur ! En un mot comme en cent, l’objectif est d'adapter notre pays au nouveau désordre mondial », a insisté François de Canson.
TOULON, PREMIERE BASE NAVALE D'EUROPE
Il a ajouté : « Au lendemain de la présentation par la Commission du Livre Blanc sur la défense européenne et du plan « ReArm Europe », suite aux annonces du ministre Lecornu de densifier le budget de nos armées, mobiliser le territoire varois autour de ces questions fait sens. Premier département militaire de France, nous sommes au cœur d’une terre de défense ».
En effet, la région Sud est la première française en termes d’effectifs militaires, en termes d’occupation du territoire bâti et non bâti du ministère des Armées. Toulon est la première base navale d’Europe et de projection en Méditerranée et Istres, le hub des armées, dispose de la piste d’essai la plus longue d’Europe et accueille la deuxième flotte d’avions après Air France.
On peut noter aussi la présence de la patrouille de France à Salon-de-Provence, du plus ancien des régiments de la Légion étrangère à Aubagne, du plus grand champ de tir d’Europe occidentale à Canjuers, de 3 centres d’expertises et d’essais de la DGA dont deux dans le Var, de deux hôpitaux militaires, des pôles de compétitivité (pôle Safe et pôle Mer) et, enfin, d'un think tank dédié (FMES).
En plus de ces implantations militaires, la région bénéficie d’un réseau dense d’industriels et enregistre 6 milliards d’€ de chiffre d’affaires grâce à la présence de grands industriels, de donneurs d’ordre. Ainsi, Airbus est le premier employeur industriel de la région. Dans le Var, Naval Group compte 4 000 salariés. Et la Base industrielle et technologique de défense compte Thales, Dassault, Safran et plus de 200 PME à la pointe de l’innovation technologique. Au total, 2 000 entreprises bénéficient de paiements directs du ministère des Armées.
RECOMPOSITION GEOPOLITIQUE
« Les relations de nos territoires et de nos entreprises avec les forces armées sont marquées par un très riche héritage, nous pouvons en être fiers. Cet héritage n’est pas anodin face aux nouvelles règles du jeu qui semblent s’établir. Le dernier indice d’intensité des conflits révélait que la part du monde en proie à des conflits avait augmenté de 65% au cours des trois dernières années. Nous assistons à une recomposition géopolitique de l’ordre mondial. Un bouleversement du jeu de puissance, marqué par la fin de l’inhibition guerrière de nombreux États et une nouvelle donne dans la considération des grandes démocraties mondiales.
Sans oublier qu’un acteur, qui amène un lot conséquent de surprises, se trouve désormais de l’autre côté de l’Atlantique. Celui qui a pris le contrôle de la Maison Blanche se présente comme le maître du jeu des conflits. A cela rajoutons une crise de la démocratie, de nouveaux acteurs perturbateurs (crise du fentanyl, impact des GAFA sur nos démocraties), des conflits qui bégayent au Moyen-Orient, une flambée des risques naturels dans le monde.Tout ceci dans une Europe qui doit faire un pivot vers elle-même », analyse, avec lucidité, François de Canson.
REAPPRENDRE A FAIRE PEUR
« L’Europe n’est pas armée pour la compétition de puissance et commence à développer des instruments de souveraineté.
Ce tournant géo-économique a pris au dépourvu une Europe qui était habituée à valoriser le libre échange, l’interdépendance commerciale, comme façon de réguler les relations entre pays européens et de projeter de la paix et de la stabilité vers l’extérieur.
Pendant longtemps, l’argument principal des Européens dans le monde était de dire que nous n’étions pas là pour être une puissance dure mais pour être une puissance normative et un exemple pour le reste du monde.
Or, la logique actuelle va plutôt vers l’établissement de barrières ou de remparts sécuritaires, militaires et économiques. L'Europe est prise à contre-pieds mais, les positions de ces dernières semaines montrent que la Commission Européenne a amorcé un virage. C’est dans ce contexte qu’il faut aujourd’hui peser. C’est en travaillant ensemble, en chassant en meute que nous aurons les meilleurs résultats. Certains diraient qu’il nous faut réapprendre à faire peur. En tout état de cause, il faut ranger définitivement toute forme de naïveté, se servir de nos forces, densifier nos avances en matière de drones, d’IA embarquée notamment », prévient le vice-président de la Région.
Photos PRESSE AGENCE.
En présence de :
Basile GERTIS, président de la CCI,
Lieutenant-colonel LEMAIRE, représentant la Garde nationale,
Jean-Baptiste MORINAUD, représentant le préfet du Var,
Christophe LUCAS, préfet maritime pour la Méditerranée.