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Élection présidentielle

François de Canson : « La droite, c’est mon ADN, je ne dévierai jamais »

Militant fidèle d'un parti, qui s’effondre sur fond de règlement de comptes, François de Canson, vice-président de la Région, a fait le choix de quitter les Républicains (LR) et de voter, à titre personnel, pour Emmanuel Macron, le président sortant.

Il explique ce choix en répondant aux questions de La Gazette du Var.

Quel a été le déclic qui a motivé votre décision ?

François de CANSON. Secrétaire départemental des Républicains du Var, en charge avec Jean-Louis Masson du choix des candidats pour les législatives à venir, nous avons soumis nos huit profils à l’intelligentsia du parti, rue Vaugirard à Paris.

Le résultat a été sans appel puisque ce fût un tir de barrage systématique, au simple motif que nous travaillons au quotidien avec Hubert Falco et Renaud Muselier.

Lors d'une nouvelle mise au point, je n'ai constaté aucune évolution de la posture, les responsables nationaux des Républicains allant jusqu’à dire au président Masson qu’ils ne lui accordaient aucune confiance !

Pour moi, c’est inadmissible, l’enjeu est trop grave pour se permettre des règlements de comptes. Je suis profondément touché, triste, meurtri, moi qui n’ai jamais failli.

Comment avez-vous réagi ?

FdC. Je vous passe la séquence émotion de mon héritage familial. J’ai passé 40 ans dans le même parti politique, depuis l’âge de 16 ans, j’y ai grandi, mes souvenirs sont foison. J’ai soutenu Jacques Chirac, j’ai soutenu Nicolas Sarkozy dans leurs moments les plus difficiles, quand certains préféraient regarder ailleurs et baisser la tête.

Avec les Républicains dans le Var, ces deux dernières années, nous avons tout gagné.

Les municipales avec des symboles au combien puissants : La Seyne-sur-Mer, gagnée après une ère de gauche, la ville du Luc-en-Provence, arrachée au RN. Des victoires au premier tour. Comment ne pas penser à Hubert Falco, qui fidèlement garde sa ville sans heurts, sans effusion. Avec travail et détermination avec plus de 61%, je gagne ma ville avec 100% !

Pour les sénatoriales, j’ai refusé de figurer en position éligible, me plaçant en animateur de campagne. In fine, on a remporté un siège supplémentaire. La base de l’engagement et du militantisme, c'est de faire bloc pour gagner.

Même constat pour les départementales. J'étais le suppléant du président Giraud. Notre camp a gagné 22 cantons sur 23 et j'ai réalisé un score de 75% dans mon canton.

Et que dire des régionales ! J'étais tête de liste dans le Var. Malgré les persifleurs, l’opprobre, le déshonneur qui nous étaient promis, nous avons été l’équipe la mieux élue à droite de toute la France. Merci à Renaud Muselier d’avoir su résister.

Quel bilan tirez-vous personnellement de ces victoires électorales ?

FdC. Cela fait 6 ans et 9 mois que nous sommes à la tête de la Région Sud, avec une majorité soudée, au leitmotiv inébranlable : « Notre région d’abord ».

Avec beaucoup d’humilité, je ne pensais pas avoir à démontrer mon engagement, ma loyauté, et mon savoir-faire.

Je ne peux accepter que de leur bunker du 15ème arrondissement, les stars des LR me reprochent mon amitié avec Hubert Falco et Renaud Muselier ! Mais que ce soit clair, je le revendique et j’en suis fier. En réalité, nous sommes jugés par contumace.

On mélange tout, on confond tout, on fait des amalgames hasardeux, on jette l’anathème gratuitement, on règle bêtement des comptes par personnes interposées, mais surtout, on oublie la puissance des territoires, de leurs élus de terrains, des militants, on fait fi du poids du réel.

Ébouriffant pour un parti dont la candidate répète, à longueur de meeting et d’interview, que « le temps est venu de la décentralisation, de la proximité, qu’il n’y a pas de concorde sans ordre, pas de liberté locale sans équité entre les territoires ». Elle le scandait, encore à Chartres récemment : « Je le dis aux élus de France, votre liberté est à portée de vote (…). Je serai la candidate qui rendra sa liberté aux territoires, je porterai le plus puissant projet de décentralisation de l’histoire de notre pays ».

Le discours de Valérie Pécresse n'imprime pas auprès des électeurs ?

FdC. Ouvrez les yeux ! On est à 10% d’intention de vote, et on continue de régler les comptes, on continue de diviser !

Avec Jean-Louis Masson, nous ne porterons pas la défaite annoncée des législatives. Encore une fois, on se dirige vers une élection présidentielle sans LR au second tour. Déjà 10 ans que nous sommes hors-jeu ! Qui peut se permettre d’hypothéquer la vie de notre pays encore 5 ans ?

En conséquence, j’ai informé Jean Louis Masson de ma démission du poste de secrétaire départemental, et j’ai adressé un courrier en ce sens aux instances nationales.

Je regrette d’être amené à prendre cette décision mais je considère que l’état d’esprit qui prévaut à la tête des Républicains ne correspond plus à mes valeurs.

Comment vous positionnez-vous aujourd'hui ?

FdC. Soyons très clair ! Je reste viscéralement de droite et je remercie tous les maires et élus territoriaux qui m’ont témoigné leur soutien. La droite, c’est mon ADN, je ne dévierai jamais. Tous les élus le savent.

Je veux m’adresser aux militants qui me connaissent depuis tant d’années, aux électeurs qui ont placé leur confiance entre mes mains. Car en réalité, c’est à eux, avant tout, que je dois rendre des comptes. Certains sont interloqués par ma position. Je ne leur ai jamais menti. Je ne vais pas aujourd’hui m’amuser à faire semblant d’y croire. Leur raconter une histoire qu’on veut bien leur faire avaler construite de bout en bout à Paris.

Jacobins vs Girondins, ce n’est pas mon langage ! Je vais parler clairement : Je suis du Sud, je suis Varois, je suis Londais. La franchise est préférable quand mes valeurs sont piétinées.

Et qu'allez-vous faire maintenant ?

FdC. Les LR ne veulent pas écouter la droite des territoires. J’en prends acte.

Je vais dans un premier temps panser mes blessures auprès des miens, sur ce littoral qui nous ravit, dans ce département qu’on nous envie, dans cette région d’exception. Puis, je participerai au lendemain de la présidentielle à la reconstruction du paysage politique et au rayonnement des idées de droite pragmatiques qui nous ont façonnées. Pas celles fantasmées par de grands stratèges qui surfent une vague un peu trop grosse pour eux.

J’en terminerai en rappelant le contexte dans lequel cette triste scène se joue. Après deux années à chercher l’issue d’une crise sanitaire inédite et aux impacts massifs sur nos sociétés, nous voici sous l’ombre portée d’un conflit armé au cœur de l’Europe. Ce que nous tenions comme faisant partie des livres d’histoire et vaguement du programme de 3ème de nos enfants est entré sans détour dans nos quotidiens.

Dans le contexte aussi grave et engageant que connaît notre pays et plus largement notre continent, le repli sur lui-même du landerneau parisien des Républicains a de quoi laisser pantois.

Alors pour qui voterez-vous ?

FdC. Au second tour des élections présidentielles, en l’absence de Valérie Pécresse, ma réponse est toute faite, je ferai barrage, comme je le fais dans ma ville, comme je l’ai fait au Département et à la Région, aux idéologies de fracture incarnées par les extrêmes. Je voterai Emmanuel Macron.

Une élection se gagne sur la dynamique du premier tour.

Compte tenu du contexte géopolitique, qui appelle à de la stabilité et pas aux expériences d’apprentis sorciers, nul besoin de vous préciser où iront mes convictions.

L’essentiel est plus loin, je suis dans une posture résolument constructive. Dès le 25 avril, je mettrai toute mon énergie dans la recomposition de la droite.

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