Environnement

La goélette Tara à Toulon

Olivier Cavallo : « Il faut réduire les émissions de plastique ».

Du 25 au 30 août, la goélette Tara a fait escale à Toulon.

Partie le 27 mai de Lorient pour mener une mission de 6 mois sur la pollution plastique en Europe, la goélette Tara a effectué sur sa route une escale à Toulon, auprès de son partenaire historique, VEOLIA.

« Lors de l'escale, l'équipe scientifique et VEOLIA a proposé un programme dédié à la thématique de la pollution plastique et à ses impacts sur l’océan : projection débat du film “le mystère plastique”, visites du bateau, exposition et atelier. En effet, VEOLIA est un partenaire ancien de la mission Tara et les scientifiques ont salué le travail mené par VEOLIA, notamment dans le cadre de la mission sur les microplastiques », raconte Olivier Cavallo, directeur territorial Var de l'entreprise.

Fruit d’un travail collaboratif, ce projet réunit des chercheurs universitaires (Université de Toulon et d’Aalborg au Danemark), ainsi que des chercheurs de VEOLIA en région Sud.

Olivier Cavallo ajoute : « Cette collaboration est spécifique à Toulon, car, VEOLIA s'intéresse, depuis plusieurs années, à l'origine de ces déchets, notre société ayant identifié que la plupart des déchets viennent de la terre, arrivant dans la mer par l'intermédiaire des réseaux des eaux pluviales. Nous avons compris qu'il faut réduire les émissions de plastique ».

La prise de conscience des équipes de VEOLIA va plus loin encore : « Aujourd'hui, les stations de traitement, construites pour la plupart entre 1980 et 2000 ne sont pas adaptées à la lutte contre les microplastiques. Le challenge concerne également le réseau pluvial qui part directement à la mer. Notre action est de comprendre comment nous pourrons mettre en place des techniques pour lutter contre ces phénomènes, de manière efficace » reprend le responsable de l'entité varoise.

MISSION MICROPLASTIQUES 2019

De son côté, la mission scientifique mène un travail à travers le monde entier, en explorant le cours des fleuves pour identifier les foyers de dispersion des plastiques et leur impact. Ainsi, les chercheurs tentent de répondre à de nombreuses questions parmi lesquelles : D’où viennent les déchets plastiques ? Sous quelles formes arrivent-ils en mer ? Comment évaluer les sources de pollution à terre ? Où faut-il concentrer les efforts pour stopper leurs flux ? Comment comprendre la toxicité des microplastiques sur la biodiversité marine et le vivant ? Comment informer et sensibiliser efficacement le public ?

« En effet, on estime que 80 % des déchets plastiques en mer sont d’origine terrestre ! D'où pour l'équipe de chercheurs, un travail scientifique à l'échelle de l'Europe, complémentaire du travail mené dans la rade de Toulon par les équipes de VEOLIA », se félicite Olivier Cavallo.

Pour la Fondation TARA Océan, engagée sur ces questions depuis 2010, il est urgent d’explorer et de décrire les fuites (gisements - sources) de déchets plastiques vers la mer pour mieux endiguer cette dispersion. La « mission microplastiques 2019 », dont le volet scientifique est coordonné par le CNRS*, a sillonné plusieurs façades de l’Europe pendant 6 mois et exploré 10 grands fleuves européens. Ainsi, la goélette Tara prélève des microplastiques, de 0,2 à 5 mm de diamètre, dans ses filets, à l’occasion de ses différentes expéditions. Le constat est clair : ces fragments sont omniprésents dans l’océan. Après s’être concentrés durant sept mois sur cette pollution en mer Méditerranée en 2014, avoir découvert l’importante zone d’accumulation dans l’océan Arctique en 2017 et identifié la biodiversité associée dans le “Vortex” du Pacifique Nord en 2018, la goélette Tara et ses partenaires cherchent, désormais, à identifier les sources, prédire le devenir et évaluer l’impact des plastiques de la terre vers la mer.

ROLE DU CONSOMMATEUR

« On a découvert qu'il y avait autant de zooplancton que de plastiques dans la nourriture des poissons ! Nous avons donné l'alerte après cette découverte, car on sait maintenant que ces déchets ont un important énorme sur l'écosystème », souligne, encore, le responsable de VEOLIA.

« Par exemple, à chaque utilisation d'une machine à laver le linge, 76 000 fibres textiles partent à la mer ! C'est grave ! D'autant que les microplastiques sont des vecteurs de bactéries pathogènes. Et, malgré la connaissance de cette situation, nous continuons de produire du plastique de plus en plus dans le monde. Alors qu'il faudrait diminuer les émissions de plastique (pneus, fibres, textiles, emballages et sur-emballages) », constate-t-il avec effroi .

Le scientifique conclut : « Aujourd'hui dans la mer, on retrouve essentiellement des emballages. D'où le choix du produit, au moment de l'achat par le consommateur puisqu'on sait que 10% des déchets plastiques vont à la mer » !

Propos recueillis par Gilles CARVOYEUR

*Centre national de la recherche scientifique

Le programme des escales : www.fondationtaraocean.orgwww.fondationtaraocean.org.

 

FONDATION VEOLIA
Dans le cadre de son partenariat avec la Fondation VEOLIA, TARA Océan a présenté les dernières avancées de la mission MEDITPLAST en rade de Toulon. Ce projet de Recherche et Développement, soutenu par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse fait le point sur les sources et les concentrations de microplastiques et de nanoplastiques dans les différentes matrices environnementales de la rade toulonnaise. Il vise à développer une technique d'échantillonnage et à évaluer des procédés de réduction dans les filières de traitement des eaux.

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