Politique

Stéphane Rambaud

 « Je suis à l'écoute des problèmes de mes concitoyens »

Réforme de l’organisation de la police judiciaire (PJ), sous-effectif policier à Porquerolles et au commissariat de Hyères, augmentation des fonctionnaires et légalité des ralentisseurs, cet été, Stéphane Rambaud, député de la 3ème circonscription du Var (RN), était sur tous les fronts.

« A l'écoute des problèmes de mes concitoyens », comme il aime à le souligner, après trois mois passés à l'Assemblée nationale, le parlementaire fait le point en exclusivité pour La Gazette du Var.

Que craignez-vous avec la future organisation de la PJ ?

Stéphane RAMBAUD. Pour la bonne marche des services de police dans leur ensemble et, pour le travail de la Police Judiciaire en particulier, une organisation départementale, sous tutelle de la Sécurité Publique, n’est pas adaptée aux nécessités des enquêtes les plus sensibles. Face à cette situation inopportune, j'ai saisi le ministre de l’Intérieur par le biais d’une question écrite afin de lui demander de bien vouloir revenir sur cette réforme.

Les « Brigades du Tigre » sont donc en danger ?

SR. La réforme en cours au sein de la police judiciaire prévoit la suppression des brigades spécialisées et la refonte dans les effectifs de la Sécurité Publique des moyens des services d'enquêtes. Au lieu de trois services, il est envisagé la création d'un grand et unique service dédié à l'investigation. Or, il est connu que les enquêtes sur les dossiers les plus lourds, liés aux gros délinquants, nécessitent plus de temps et de moyens matériels et humains. La disparition du niveau 3, celui des enquêtes les plus complexes, risque d'entraver les capacités d'enquêtes de la PJ. Il en est de même de la brigade économique et financière qui serait appelée à disparaître. Les moyens de la direction centrale de la PJ risquent d'être gravement compromis et d'entraver les enquêtes menées de la frontière italienne à la frontière espagnole.

Sur la sécurité, vous êtes venu au secours de Jean-Pierre Giran sur la situation à Porquerolles ?

SR. En effet, cet été, j'ai attiré l'attention de Gérald Darmanin sur les effectifs de la police nationale stationnés sur l’île de Porquerolles. Du fait d’un manque d’effectif, les policiers devaient prendre la dernière navette maritime afin de retourner sur le continent. Cette année, pour la première fois depuis trente ans, les habitants de l’île ne pouvaient bénéficier du service de protection de nuit auquel ils ont légitimement droit. Or, en période estivale, la perle des îles d’Or voit sa population multipliée par trois du fait de l’arrivée des touristes. Les activités de nuit connaissent un essor sans précédent. L’île, livrée à elle-même en l’absence de surveillance policière, est victime de toutes sortes d’incivilités, de débordements et parfois même de trafics de substances illicites. De minuit, heure de départ de la dernière navette vers le continent jusqu’à l’aube, Porquerolles ne connaissait plus la tranquillité.

Comment s'est conclu ce dossier épineux ?

SR. Mon intervention auprès du ministre de l’Intérieur a permis de faire débloquer, le lendemain même, la somme de 4 312€ pour régler la question du logement de la police sur l’île de Porquerolles. C’est ainsi que les policiers ont pu résider au village de l’IGESA jusqu’au 21 août, sans devoir quitter l’île pour le continent par la dernière navette maritime.

La ville de Hyères souffre d’un manque chronique d’effectifs capables d’assurer la sécurité de la population ?

SR. La Municipalité demande avec insistance au ministère de l’intérieur, depuis de bien nombreuses années, l’envoi des effectifs en hommes supplémentaires susceptibles de venir épauler leurs collègues présents sur le terrain. Face au silence assourdissant du ministère, j'ai interpellé le ministre pour lui demander de répondre aux légitimes demandes de la population qui souhaite accueillir les effectifs de police nécessaires à sa sécurité.

Comparativement à d’autres villes proches, Hyères fait donc figure de parent pauvre en matière de sécurité ?

SR. Malgré des demandes réitérées de la part du maire de Hyères, les réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux. En effet, à la suite de mon intervention, le ministre a annoncé la venue de 8 policiers adjoints. C'est largement insuffisant ! Il faut des policiers titulaires et pas seulement des policiers adjoints.

Vous vous êtes saisi également de la question des ralentisseurs qui empoisonnent la vie des automobilistes ?

SR. Alerté par la ligue de défense des conducteurs et devant les difficultés d’interprétation quant à la légalité des ralentisseurs de vitesse installés sur la voie publique, j'ai interrogé le ministre délégué chargé des transports pour lui faire préciser la valeur réglementaire des ralentisseurs existants et les règles à respecter absolument pour ceux qui sont en projet.

En effet, la Ligue a publié une étude sur les ralentisseurs de vitesse. Elle y dénonce les ralentisseurs illégaux qui sont source aggravante d’accidents corporels et de dégâts matériels pour les véhicules, de surconsommation de carburant, d’inconfort pour les passagers, d’émissions aggravées de CO² et de pollution aux particules fines, de nuisances sonores pour les habitations proches.

Les élus locaux doivent rester très prudents sur la mise en place de ces ralentisseurs, pas toujours aux normes. Des actions en justice entamées par des associations d'envergure nationale sont d'ailleurs en cours.

Au niveau du pouvoir d'achat, vous êtes satisfait du relèvement du point d'indice des fonctionnaires ?

SR. J'ai salué la revalorisation de 3,5%, depuis le 1er juillet, du point d’indice de la fonction publique. Publiée par décret au Journal officiel du 8 juillet dernier, elle permet de faire face, en partie, à l'inflation qui touche notre pays. Il s'agit de la plus forte revalorisation depuis 37 ans et constitue une demande appuyée par le groupe parlementaire du Rassemblement national. Cependant, cette revalorisation, qui concerne les trois fonctions publiques, va, si elle n’est pas compensée pour la fonction publique territoriale, constituer une charge supplémentaire écrasante pour toutes les collectivités locales déjà en grande difficulté financière.

Alors, comment faire pour les collectivités ?

SR. Le 25 juillet, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finance rectificative pour 2022, a été adopté un amendement permettant de créer un prélèvement exceptionnel de 180 millions d’€ sur les recettes de l’État afin de faire face à la revalorisation du point d’indice de la fonction publique pour les communes et leurs groupements. Ce montant est bien insuffisant pour une mesure qui est estimée à plus d’un milliard d’€. Alerté par les maires de ma circonscription, j'ai interpellé la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales pour lui demander de mettre à la disposition des collectivités territoriales les moyens financiers supplémentaires nécessaires qui soient à la hauteur de la dépense créée  par l’État.

Photo Alain BLANCHOT.

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