Eric Boutin : « Besoin d’un choc de simplification administrative »
Pour l’université, Eric Boutin formule les vœux « qu’on puisse se retrouver derrière une prochaine équipe présidentielle.
On vit dans un monde compliqué où les embûches sont nombreuses." C’est plus simple de faire face unis ".
Il ajoute : « Ces vœux sont mes derniers vœux en tant que président. J’ai passé près de 10 ans à des postes de gouvernance au service de l’université de Toulon. Le travail de président est complexe mais stimulant. Avec mon équipe, nous n’avons pas ménagé notre peine. Je me suis efforcé de faire preuve de bienveillance, d’optimiste et de résilience. A partir du 2 avril, je mettrai mon énergie ailleurs, au service d’autres projets professionnels et personnels ».
Mais avant de laisser sa place, le président explique : « J’aimerais dégager certains enjeux, montrer la trajectoire, esquisser quelques perspectives. Je vais d’abord parler de nos missions d’enseignement et de recherche. Au niveau de la formation, deux points méritent d’être soulignés. D'une part, la réussite en licence est un enjeu crucial pour notre établissement. L’année dernière, je vous parlais d’une réponse de l’Université de Toulon à un projet PIA3. Ce projet de 6 millions d’€, nous l’avons décroché. Il va nous permettre pendant les 10 prochaines années de métamorphoser notre premier cycle en développement une approche par compétence, une individualisation des parcours et le recours à l’innovation pédagogique et numérique dans nos enseignements. Merci à Emmanuelle Nigrelli d’avoir porté cette réponse au PIA ».
DESEQUILIBRE DES EFFECTIFS
Pour autant, une question le préoccupe, celle du déséquilibre entre les effectifs en cycle Licence et en cycle Master : « Le ratio actuel (80/20) pourrait se creuser au détriment des masters sous l’effet conjugué du passage du DUT en 3 ans, de l’augmentation démographique du nombre de bacheliers, de l’augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers qui pèserait davantage sur le cycle M et D que L. Si nous n’y prenons pas garde, nous pourrions évoluer de façon dangereuse vers une université de premier cycle. Nous devons réagir et développer pour le cycle M un plan Marshall qui consolidera nos masters. C’est le sens qu’il faut donner au projet ERASMUS Mundus, porté par la fac des sciences qui sera déposé en février
L’Europe peut apporter également des sources de financements aux masters à travers ERASMUS +. Nous en avons bénéficié l’an dernier. Ces efforts doivent être poursuivis ».
STRUCTURATION DE LA RECHERCHE
Le président Boutin ajoute : « Nous allons répondre en mars au côté de notre partenaire AMU et avec le CNRS à un projet d’EUR (école universitaire de recherche) ce qui nous apporterait des financements substantiels. J’aimerais faire un point maintenant sur la recherche qui est le deuxième pilier de l’université. Le travail tenace de Anne Molcard et des élus de la CORE a permis de structurer la recherche autour de 3 idées forces. Tout d'abord, créer une identité partagée autour des sociétés méditerranéennes et des sciences de la mer est le meilleur moyen de donner un sens à l’action.
En 4 ans de mandat, le nombre de projets européens pour lesquels nous sommes porteurs ou partenaires est passé de 1 à 8 pour des ressources propres dégagées pour un montant de 2,5 millions d’€. Cette recherche d’excellence est stimulée par la création de supports BIATSS au service du montage et du suivi des projets. Par ailleurs, une politique indemnitaire incitative a été mise en place pour permettre aux chercheurs référents de projets ANR ou PIA de toucher une prime décharge de 96 heures sur toute la durée de leur projet ».
Il reprend encore : « Le troisième axe, en matière de recherche, est l’interdisciplinarité à travers la création des pôles thématiques. D’ailleurs, ce croisement entre cultures professionnelles, ce métissage est dans l’ADN du projet de création du laboratoire IAPS entre UTLN et les hôpitaux de notre territoire.
Ces réalisations dans nos cœurs de métier ne sont rendus possibles que par l’engagement des services de proximité. Je pense au travail réalisé au plus près des composantes, des laboratoires, des DAS pour accompagner l’enseignement et la recherche » (…).
LA BUREAUCRATIE DOIT S'ASSOUPLIR
Eric Boutin insiste encore : « L’enjeu est d’arriver à faire fonctionner ensemble les acteurs d’une université dans laquelle coexistent deux cultures professionnelles. La première est la culture des enseignants et enseignants-chercheurs qui sont indépendants. Ces enseignants évoluent dans une bureaucratie professionnelle, terme que nous devons au sociologue Crozier. De surcroît, notre bureaucratie professionnelle ne s’est pas beaucoup arrangée en 8 ans.
On a introduit plus de rigueur, plus de procédures sous l’effet conjugué de trois facteurs pour prendre le contre-pied d’une période précédente où on manquait de rigueur. Le passage aux compétences élargies en 2012, la GBCP a nécessité d’acquérir une expertise fine et la bureaucratie génère de la bureaucratie.
Notre administration centrale doit s’assouplir maintenant. Nous devons mettre le curseur en position médiane. Notre université a besoin d’un choc de simplification administrative. Simplifier l’administration n’est pas simple. Cela ne pourra se faire sans une volonté politique forte. Cela ne pourra se faire qu’en travaillant de concert avec les composantes en leur déléguant en toute confiance certaines activités » (…).
Photos Fabien GROUE