Outils d'accessibilité

Accéder au contenu principal
le 29 Juin 2025

Tags

Tribune : Habemus Papam !

Le conclave a élu le 267ème successeur de Saint-Pierre : Léon XIV, Monseigneur Robert Francis Prévost. Par Max Bauer.

240 habemus papam

Une nouvelle page s’ouvre donc pour l’Église universelle avec 1,5 milliards de catholiques. Qu’il soit accueilli dans la joie et la gratitude !

Bienvenue Saint Père ! Je veux garder, lors de votre première apparition au balcon, ce visage illuminé d’un beau sourire, votre regard qui laissait transparaître tant d’émotion que nous pouvions partager. Toutes mes pensées pour notre pape Léon XIV, que son ministère s'ouvre sous les auspices de la paix et de la charité. Il a prononcé ses premiers mots devant les fidèles réunis place Saint-Pierre à Rome : « Que la paix soit avec vous ». Lorsque j’ai entendu ces paroles et en tant que catholique pratiquant, j’ai répondu « et avec votre Esprit ! ».

UN VRAI AMERICAIN

Ma grande surprise, c’est l'engouement que le pape a suscité dès sa nomination dans la presse. Ce n’est pas un européen ni un latino-américain qui succède au pape François, mais un Américain. Un vrai !

Il est né à Chicago (Illinois) le 14 septembre 1955, de Louis-Marius Prévost, d'origine française et italienne, et de Mildred Martínez, d'origine espagnole. Il a passé de nombreuses années comme missionnaire au Pérou avant d'être élu à la tête des Augustiniens. Saint Augustin (354-430) est né à Thagaste (aux confins de l’Algérie et de la Tunisie). En 383, après des études à Carthage, il part pour l'Italie. Sa méditation incite aussi les fidèles à la persévérance dans la charité en prônant la mise en commun des biens et leur redistribution selon les besoins de chacun.

Pourquoi le choix Léon XIV ? Pour renouer avec le pape Léon XIII (1878-1903), pape de la doctrine sociale de l’église qui avait dénoncé l’exploitation des ouvriers à la fin du 19ème siècle et d’une relative ouverture au monde en fin diplomate.

C’est donc très modestement que je souhaite adresser une prière au pape. Nos sociétés néolibérales ne prennent pas suffisamment en compte le facteur humain, c'est à dire le vivant.

J'en sais quelque chose ! Le productivisme broie les agriculteurs. D'ailleurs, le pape a commencé son pontificat au cours de la messe d’inauguration, en critiquant les excès du capitalisme, devant des dizaines de milliers de personnes et un parterre de dirigeants étrangers. Selon lui, c'est une économie « qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres ».

Très Saint Père, en même temps que vous voulez la paix dans le monde, vous devez les interpeller sur la faim dans le monde avec plus de considération pour les paysans, en arrêtant toutes les spéculations sur les productions.

LA FAMINE EST UN DRAME

Le sujet de la famine est bel et bien actuel. Il s’agit d’un phénomène qui est loin d’être nouveau ou isolé. Les guerres apportent leurs lots de souffrances et parmi eux surtout, évidemment la faim.

La famine est un drame. Ce sont d’atroces souffrances et une mort lente pour ceux qui en sont victimes.

Dans les pays en développement, 80% des personnes souffrant de la faim vivent dans des zones rurales et la moitié sont des petits exploitants agricoles traditionnels.

Si l'on ne réforme pas l’agriculture en profondeur, plus de 120 millions de paysans sombreront dans l’extrême pauvreté d’ici 2030 d’après un rapport de l’ONU. Il est donc impératif de porter et soutenir des solutions : réforme de l’agriculture industrielle et revenir à une agriculture diversifiée et raisonnée. Il faut mettre en place une stratégie agricole qui permette, à la fois, de nourrir le monde tout en protégeant la santé des populations. L'agriculture doit produire une nourriture accessible au plus grand nombre tout en rémunérant correctement les paysans. Il faut organiser la chaîne de production et de distribution afin de mieux répartir les richesses.

Au Pérou, l’agriculture est la principale source de revenus de 2,3 millions de familles, soit 34% des ménages du pays. L’État péruvien s'est engagé dans des multiples accords commerciaux internationaux qui ont des impacts négatifs sur l’environnement, la biodiversité voire sur la malnutrition d’une grande partie de la population.

AGRICULTURE INTENSIVE

Cela vaut aussi pour le système de production agricole français. De nombreux agriculteurs rencontrent de graves difficultés financières. Si les revenus sont faibles, les charges sont importantes. Il faut nourrir les bêtes, acheter du matériel, investir pour se conformer aux normes sanitaires et sociales toujours plus nombreuses et contraignantes. Les agriculteurs peinent à dégager un revenu suffisant pour vivre, ils sont nombreux à survivre grâce au RSA.

Le pape François dénonçait, en 2021, l'agriculture intensive et le gaspillage alimentaire : « Nous produisons suffisamment de nourriture pour tous les peuples, mais beaucoup sont privés de leur pain quotidien constitue un véritable scandale, un crime qui viole les droits humains fondamentaux ». 

Ce n'est pas la première fois qu'un pape se saisit du sujet de la faim. Dès 1963, Jean XXIII s'adresse devant l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à l'occasion du « semaine contre la faim ».

Une église plus particulièrement engagée contre la faim. Dans l’espérance de jours meilleurs, pour les croyants : « Prions » ! et pour les autres. « Oeuvrez avec nous pour que se réalise la prophétie et disons stop à la faim dans le monde » !

Photo Philippe OLIVIER.