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le 02 Novembre 2025

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François de Canson : « La République, ce n’est pas un ministère, c’est un maire, une classe, un village, une région » !

Le 17 octobre, à Draguignan, à l'occasion de la 8ème Convention des Communes et Intercommunalités du Var, organisée par l'AMF 83 et consacrée à la laïcité, François de Canson, vice-président de la Région, qui représentait Renaud Muselier, retenu à Marseille pour l’Assemblée plénière régionale du Conseil régional, a rappelé aux maires du Var combien il partageait leur engagement, leur fierté d’élus locaux, en croyant à la force tranquille des territoires.

248 salon des maires

Déclinée sur les thèmes de la laïcité, de la République, et de la décentralisation, en ce 17 octobre, la convention a été un moment de recueillement en mémoire à Samuel Paty, assassiné il y a cinq ans, le 16 octobre 2020, pour avoir enseigné la liberté.

BOUCLIER CONTEMPORAIN

D'où le rappel apporté par François de Canson : « La République pleure aussi Samuel Bernard, professeur d’Arts plastiques tué à Arras, pour avoir incarné les valeurs de l’école républicaine.

Deux enseignants, deux visages de la même mission : transmettre et faire penser librement.

Deux victimes du même fanatisme.

Le terrorisme islamiste frappe là où tout commence : dans nos écoles, nos collèges, nos mairies, là où la République se transmet.

Et aujourd’hui, les conflits du monde — de Gaza à l’Ukraine — s’invitent jusque dans nos rues, nos universités, nos réseaux sociaux.

Ce qui hier semblait loin, brûle désormais à nos portes.

Face à cela, la laïcité n’est pas un mot ancien, c’est un bouclier contemporain.

Face à cela, la laïcité n’est pas un sujet de colloque : c’est un devoir de combat.

Elle n’oppose pas, elle protège.

Elle n’est pas contre les religions, elle est au-dessus d’elles, pour permettre à chacun de croire ou de ne pas croire sans jamais avoir à s’affronter, sans que personne n’impose sa loi à la République.

C’est le socle de notre unité nationale.

Et ce combat, ce n’est pas que celui des ministères, ni que celui des lois. C’est celui des maires, des enseignants, des parents, de tous ceux qui croient encore que la République est une promesse plus forte que les haines ».

DEFENDRE LA DIGNITE HUMAINE

Aussi, la Région Sud organisera le 29 octobre une grande Agora régionale consacrée à la lutte contre l’antisémitisme et les haines.

Pour François de Canson, défendre la laïcité, c’est défendre la dignité humaine et le vivre-ensemble : « Nous le savons : la République ne meurt pas d’un grand effondrement. Elle s’abîme de petits renoncements successifs. D’un silence de trop, d’un accommodement facile, d’une habitude du “ce n’est pas si grave”.

Chaque fois qu’on détourne le regard, qu’on laisse passer une menace, qu’on relativise un principe, on recule un peu.

Et pendant que les minorités agissantes imposent leur bruit, leur colère, leurs certitudes, la majorité silencieuse — celle qui travaille, qui élève ses enfants, qui croit encore au bon sens et au vivre ensemble — baisse la tête, fatiguée, lassée, inquiète.

Cette majorité, c’est la France réelle, celle des communes, des écoles, des familles, des associations, des élus de terrain.

C’est celle qui ne crie pas, mais qui agit.

C’est celle qui doute parfois, mais qui tient toujours.

Et c’est elle, aujourd’hui, qu’il faut entendre.

Parce qu’elle incarne la République du quotidien, celle qui ne demande ni privilège ni spectacle, mais du respect et de la cohérence.

Nous ne pouvons plus laisser quelques-uns parler au nom de tous.

Nous ne pouvons pas laisser le vacarme des extrêmes étouffer la voix de la raison.

Nous ne pouvons pas laisser la peur dicter la loi dans les esprits.

C’est à nous, élus locaux, de redonner confiance à cette majorité silencieuse, de lui dire qu’elle a raison d’y croire encore.

Parce que c’est elle, au fond, qui tient la France debout ».

DANS LA TEMPÊTE, LES MAIRES SONT LA DIGUE

Rappelant que les maires sont les premiers visages de la République, François de Canson a insisté : « Quand tout vacille, c’est vers vous que le pays se tourne.

C’est vous qui apaisez les colères, qui soutenez les habitants, qui portez les valeurs républicaines dans la proximité et la vérité du terrain.

Et dans ce moment d’incertitude, les communes, les départements, les régions sont les seuls pôles de stabilité d’une France fatiguée.

C’est là que prend un peu de sens le débat ouvert par Sébastien Lecornu sur la décentralisation.

Sa volonté de clarifier les compétences et de remettre les collectivités au cœur du jeu est juste, nécessaire, peut être courageuse.

Mais elle doit aller au bout de sa logique.

Et pour y parvenir, il gagnerait à s’inspirer de la vision exprimée cette semaine par Jean-Louis Borloo.

Borloo parle d’une France étouffée par ses propres contrôles, « où 400 000 décrets et procédures paralysent l’action ».

Il appelle à « débloquer tout », à remettre le pays à plat, à faire respirer la France.

À confier aux territoires ce que Paris ne sait plus faire : le logement, l’éducation, la santé, la proximité, l’innovation locale.

Il ne s’agit pas d’un abandon de l’État, mais d’une refondation à la française mais un État recentré sur ses missions régaliennes : la sécurité, la justice, la défense, la diplomatie. Et des territoires pleinement responsabilisés sur le reste : la vie quotidienne, l’économie, la jeunesse, la culture, la transition écologique.

C’est cela, la République moderne.

C’est cela, la France que nous aimons : fière, libre, confiante dans ses communes ».

Il a encore ajouté : « Depuis 2015, Renaud Muselier a fait de cette idée une pratique. « Nos Territoires d’abord », ce n’est pas un slogan, c’est 1,4 milliard d’€ d’investissements dans 5 000 projets communaux et intercommunaux.

Dans le Var, plus de 340 millions d’€ ont déjà été engagés pour accompagner des projets : routes, écoles, hôpitaux de proximité, culture, sécurité, agriculture, environnement.

Parce que dans le Sud, on ne théorise pas la décentralisation, on la vit. Comme en témoignera la Convention Régionale des Maires à Aix-en-Provence, le 27 novembre prochain.

On dit souvent que nous sommes un peuple d’épopée.

Quand la France respire, elle avance, elle invente, elle entraîne.

Ne laissons pas la peur, ni la bureaucratie nous voler cette énergie.

Continuons à croire dans nos communes, dans nos écoles, dans nos valeurs. Continuons à faire vivre la laïcité non pas comme une contrainte, mais comme une liberté.

Et surtout, continuons à montrer que la République, ce n’est pas un ministère, c’est un maire, une classe, un village, une région », a conclu François de Canson.

Photo Alain BLANCHOT.