Salvador Nunez : « Mon credo : s'adapter, beaucoup réfléchir et anticiper » !
Bien plus que le directeur d’un grand chantier, Salvador Nunez a été un partenaire des collectivités locales traversées par le chantier de l'élargissement de l'A57 (2016 - 2025).
Ingénieur en génie civil, spécialiste reconnu des projets complexes, l’Andalou d’origine n’a jamais perdu son goût pour le terrain où il se distingue par son style inimitable et son sens du contact. Ainsi, sous sa direction, le chantier de l’A57 a permis l’élargissement à 2x3 voies sur 7 kilomètres, la construction de plusieurs ouvrages d’art, la reconfiguration de tous les échangeurs, entre autres dans une zone urbaine dense avec un trafic moyen de 110 000 véhicules par jour, une prouesse rarement réalisée en France.
Il répond aux questions de La Gazette du Var.

Ces 5 années, passées à Toulon, vous ont-elles changé ?
Salvador NUNEZ. Non, je n'ai pas changé, je suis resté le même comme le chante si bien Julio Iglesias !
Par exemple, quand la Ville de Toulon m'a remis une médaille d'honneur, je ne m'y attendais pas. De toute ma carrière, c'est la première fois que je reçois une distinction de la part d'une commune.
C'est vrai que j'ai reçu la légion d'Honneur en 2020 de la part du ministre des Transports mais jamais une ville n'avait pensé à me distinguer. Ce jour-là, dans les salons de la mairie de Toulon, ce fut donc une grande surprise et un grand honneur et, dès le lendemain, mon téléphone a été inondé de SMS pour me féliciter ! Je pense même que j'ai été plus félicité que lors de la remise de ma légion d'Honneur !
Comment expliquer un tel mouvement de sympathie ?
SN. Je pense que c'est grâce à mon ancrage local. Certes, je ne suis qu'un ingénieur mais la Ville a reconnu, en me distinguant, le travail que j'ai accompli pour le bénéfice du territoire. Cela signifie que nous avons bien œuvré, mon équipe et moi. J'ai également été remercié officiellement par la directrice de cabinet du préfet du Var qui tenait à me féliciter pour l’accomplissement de ce projet. C'est assez rare d'être félicité en même temps par la ville et par le préfet. Ces félicitations étaient méritées car nous avons beaucoup travaillé à la réussite du chantier.
Cela signifie que la mission a donc été accomplie ?
SN. En effet, cela veut dire que nous avons parfaitement répondu aux attentes et aux besoins du territoire. Toutefois, j'ai toujours pensé que ce n'est pas à moi de juger si ce que j'ai fait est bien. C'est aux autres de le dire et, manifestement, ils l'ont fait.
J'ai passé près de 10 ans de ma vie à Toulon (2015 – 2025) et j'ai travaillé sur le chantier de la rocade de Montpellier durant dix ans également (2007 – 2017). En dix années, il se passe beaucoup de choses dans une vie. Montpellier et Toulon, ce sont vingt ans de ma carrière, c'est à dire les deux tiers. C'est assez exceptionnel ! Mais, j'avoue que je fais un métier très particulier.
Au terme du chantier de l'élargissement de l'A57, nous avons effectué le travail qui nous a été demandé et on l'a même fait très vite compte tenu des procédures, des enquêtes publiques, des consultations, etc. A aucun moment, le travail n'a été ralenti car nous avons été très proactifs. Et, nous avons aussi bénéficier d'une absence d'opposants au chantier. Malgré tout, entre le début de la procédure et la fin du chantier, il s'est passé dix ans.
Quelle a été votre méthode pour conduire ce chantier ?
SN. J'ai une méthode très simple : je traite les dossiers les uns après les autres. Ma façon de travailler est conforme à ce que je suis. On peut très bien respecter les règlements sans être tenu d'avoir un comportement administratif ! Certes, j'applique les règles mais cela ne doit pas nous empêcher de travailler en équipe et être dans un cadre strict, contraint par les règlements, n'empêche pas de trouver une solution quand cela est nécessaire. Pour y parvenir, il faut être disponible à chaque instant. Donc, cela nous oblige à nous investir et à trancher dans les décisions.
Ma méthode de travail n'est pas celle que je vois autour de moi. Mais, la mienne aboutit à des résultats concrets. Ma force, c'est de m'intéresser aux autres. C'est ce que je fais en permanence et je peux vous dire que, parfois, c'est épuisant !
Cette méthode est aussi dans votre ADN ?
SN. Effectivement. Elle correspond au contexte dans lequel j'ai grandi. Et parce que je n'oublie pas d'où je viens. Je suis issu d'un milieu populaire et dans lequel on s'attache à ses racines. Dans mon pays natal, le Maroc, on avait le respect de l'autre et ne pas avoir un bon comportement était inacceptable. J'ai appris à ne pas manquer de respect aux autres et d'avoir du respect pour les autres, qui que ce soit. Au cours du chantier, les riverains l'ont bien compris. Mon credo, c'est de servir l'intérêt général et ne pas distinguer les personnes au regard de leur statut.
Pour cela, il faut de l'expérience, savoir s'adapter et beaucoup réfléchir et anticiper.
Cela s'est également démontré pour vos relations avec les collectivités ?
SN. En tant que directeur opérationnel du chantier de l'A57, et en tant que maître d'ouvrage, les relations avec les collectivités sont essentielles sinon capitales. J'ai été aidé par ma dynamique et professionnelle équipe qui comptait de nombreuses compétences. Par ailleurs, en étant depuis 2016 à Toulon, j'avais une bonne connaissance du trafic de l'A57 et de toutes ses particularités importantes pour savoir comment s’organiser au mieux vis-à-vis des riverains et aussi des usagers quotidiens sur cette partie concernée pour élargir.
Et, comment va s'écrire la suite de votre carrière ?
SN. Je pense que je vais continuer tant que j'en ai l'envie et que ma santé me le permet et tant qu'on me laisse travailler à ma manière. J'ai toujours été dans le concret. C'est la seule chose qui me motive.

Photos Alain BLANCHOT et Philippe OLIVIER.